L’UE presse pour une utilisation plus rapide du fonds de relance pour les technologies vertes

by Victoria Garcia
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Recovery Fund Green Tech Push Intensifies

L’Union européenne intensifie la pression sur les États membres pour qu’ils accélèrent l’utilisation du fonds de relance NextGenerationEU, doté de 806 milliards d’euros, en particulier pour financer les technologies vertes. Face à la lenteur de la mise en œuvre, la Commission européenne met en garde : les retards dans les dépenses compromettent non seulement les objectifs climatiques de l’UE, mais aussi sa compétitivité mondiale dans un marché des technologies propres en pleine mutation.

La transition verte comme priorité stratégique

Créé en 2020 en réponse à la pandémie de COVID-19, le fonds NextGenerationEU vise à soutenir la reprise économique tout en orientant l’Europe vers la neutralité carbone. Chaque plan national de relance et de résilience doit consacrer au moins 37 % de ses fonds à des projets écologiques, tels que :

  • le développement des énergies renouvelables (solaire, éolien, hydrogène),
  • la rénovation énergétique des bâtiments,
  • les transports publics zéro émission,
  • l’innovation industrielle durable,
  • la décarbonation des chaînes d’approvisionnement.

Mais à la mi-2025, la Commission alerte sur un manque de dynamisme : une large partie des fonds reste inutilisée, ce qui met en péril les ambitions climatiques et économiques.

Qui prend du retard et qui avance ?

Selon le dernier rapport de la Commission, environ 65 % des fonds alloués ont été transférés aux États membres, mais moins de 40 % ont été réellement dépensés. Des pays comme la Bulgarie, la Slovaquie, la Croatie et la Roumanie figurent parmi les moins avancés, en raison d’obstacles administratifs, de pénuries de main-d’œuvre ou d’instabilité politique.

En revanche, l’Allemagne, la France, les Pays-Bas et le Danemark progressent bien. L’Allemagne investit massivement dans les réseaux de chaleur et l’hydrogène, tandis que la France mise sur les transports durables et l’efficacité énergétique des logements.

Une surveillance renforcée de la Commission

En juin 2025, la Commission a publié de nouvelles directives avertissant que les États qui n’atteignent pas leurs objectifs pourraient perdre les fonds non utilisés. Paolo Gentiloni, commissaire à l’Économie, a déclaré :

« Le fonds de relance n’est pas seulement un levier financier — c’est notre passerelle vers un avenir vert. Chaque retard est une opportunité manquée de renforcer notre autonomie énergétique et de créer les emplois de demain. »

La Commission envisage également de permettre la réallocation des fonds inutilisés vers des États membres plus performants, incitant ainsi à une mise en œuvre plus rapide.

Le secteur privé réclame des investissements plus rapides

Les industriels européens tirent la sonnette d’alarme, d’autant plus que les États-Unis et la Chine intensifient leurs soutiens aux technologies propres. Le plan américain de réduction de l’inflation (Inflation Reduction Act), avec plus de 370 milliards de dollars alloués aux technologies vertes, attire déjà des start-up européennes.

Les associations européennes de producteurs d’énergie solaire, de batteries et d’équipements hydrogène appellent à :

  • un accès simplifié aux financements via des plateformes numériques,
  • une réduction des délais d’approbation des projets,
  • un calendrier clair de décaissement,
  • un soutien accru à la production locale de composants.

Sans réaction rapide, l’Europe risque de perdre du terrain dans la course mondiale aux technologies propres.

Une transition écologique juste et équitable

La Commission souligne aussi que la transition verte doit être inclusive. Les fonds de relance doivent bénéficier aux populations vulnérables, soutenir les travailleurs des secteurs à forte émission, et rendre les technologies énergétiques accessibles à tous.

L’Italie et l’Espagne ont alloué une part importante de leurs fonds à la rénovation énergétique des logements modestes. Le Portugal a lancé des programmes de « toits solaires » pour les logements sociaux. Ces projets visent un équilibre entre durabilité, équité sociale et développement économique.

Compétition technologique mondiale

La compétition autour des technologies propres est aussi géopolitique. Tandis que la Chine domine la production de panneaux solaires et de batteries, et que les États-Unis subventionnent massivement leur industrie verte, l’UE vise le leadership dans l’éolien offshore, l’hydrogène vert et l’économie circulaire.

Mais sans investissement rapide des fonds de relance, les entreprises européennes risquent d’être distancées. Déjà, le manque de capacités de production de composants en Europe limite son autonomie stratégique.

Une question politique brûlante

À l’approche des élections européennes de 2026, les politiques climatiques suscitent des débats. Certains partis conservateurs appellent à un assouplissement des contraintes écologiques pour favoriser la croissance. La Commission, quant à elle, rappelle que la transition verte est un levier de résilience économique et non un fardeau.

L’opinion publique reste divisée : si une majorité soutient les mesures climatiques, d’autres s’inquiètent du coût de l’énergie ou de la complexité des démarches administratives.

Conclusion

Le fonds de relance européen représente une opportunité historique d’accélérer la transition écologique et de renforcer la souveraineté économique de l’UE. Mais pour libérer tout son potentiel, une mise en œuvre rapide, cohérente et ciblée est indispensable.

Les États membres doivent lever les blocages, hiérarchiser les priorités et agir en coordination. C’est à ce prix que l’Europe pourra se maintenir dans la course mondiale aux technologies vertes et construire une économie durable et inclusive.

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